L'aviation mondiale fait face à un défi crucial : atteindre l'objectif de zéro carbone d'ici 2050. Ce but ambitieux est sérieusement menacé par la flambée des prix des carburants d’aviation durables (SAF). Alors que le secteur aérien cherche à réduire son empreinte carbone, le SAF, qui pourrait diminuer jusqu'à 80% des émissions de CO2, reste trop coûteux par rapport au kérosène traditionnel. L'industrie s'organise autour d'initiatives comme celle d'Airbus et l'IATA, mais les tensions entre acteurs du marché, y compris les compagnies aériennes comme Air France et EasyJet, sont palpables. Ce surcoût pourrait avoir un impact considérable sur les prix des billets. Analysons en profondeur comment cette dynamique complexe se joue au sein du secteur aérien et quelles pourraient être les solutions pour parvenir à l'objectif de neutralité carbone.
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ToggleLe carburant d'aviation durable : une solution prometteuse

Le carburant d’aviation durable représente un véritable espoir pour décarboner le secteur aérien. En étant principalement fabriqué à partir de biomasse telle que l'huile de friture usagée, ce carburant permet une réduction substantielle des émissions de CO2 lors de son utilisation. Sa production utilise un cycle de vie circulaire où les matières premières absorbent du carbone pendant leur croissance, avant de le libérer lors de la combustion.
La compatibilité du SAF avec l'infrastructure existante
Un des avantages majeurs du SAF est sa compatibilité avec les avions et l'infrastructure déjà en place. Comme l'explique Julien Manhes, responsable des carburants d'aviation durables chez Airbus, « Il n'y a strictement rien à faire au niveau des infrastructures. Il n'y a rien à faire au niveau des avions ou des hélicoptères. » Cela permet aux compagnies aériennes d'incorporer du SAF dans leurs opérations sans investissements majeurs.
Le coût prohibitif du SAF : un frein à l'adoption
Néanmoins, le principal obstacle reste le coût très élevé de production et d'approvisionnement en SAF. Alors qu'une tonne de SAF coûte environ 2 500 euros, le kérosène traditionnel reste largement moins cher, se chiffrant autour de 1 000 euros. Ce différentiel de prix, qui peut atteindre 2 à 3 fois le coût du kérosène classique, complique l’intégration du SAF pour de nombreuses compagnies aériennes, notamment celles à bas coûts telles que Ryanair et EasyJet.
Les initiatives en cours pour favoriser l'adoption du SAF
Pour pallier les problèmes liés au coût du SAF, plusieurs initiatives ont émergé dans le secteur aéronautique. Le programme Book and Claim lancé par Airbus offre un système de crédits carbone permettant aux compagnies aériennes d'acquérir les bénéfices environnementaux associés à l'utilisation de SAF, sans avoir à le transporter physiquement.
Le SAF Registry de l'IATA
L'IATA a également mis en place le SAF Registry, géré par la Civil Aviation Decarbonization Organization (CADO), pour standardiser et rendre les transactions de SAF transparentes. La mise en place de ce registre vise à éviter le double comptage des bénéfices environnementaux, permettant à davantage de compagnies d'accéder aux carburants durables, qu'elles soient grandes ou petites.
Les tensions entre acteurs du marché et perspectives d'avenir
Malgré ces avancées, des tensions importantes existent entre les différents acteurs du marché. Des compagnies pétrolières comme TotalEnergies sont souvent critiquées par l'IATA pour ne pas respecter leurs engagements d'approvisionnement en SAF. Cette situation complique la transition vers des carburants plus durables, où les compagnies aériennes comme Lufthansa et KLM pourraient faire face à des coûts vertigineux, entravant leur capacité à offrir des billets abordables à leurs clients.
Les défis à surmonter pour atteindre l'objectif de zéro carbone
Les défis liés à l'adoption massive du SAF sont nombreux. D'une part, la question de la disponibilité et de l'approvisionnement en SAF reste cruciale. D'autre part, les compagnies aériennes doivent naviguer dans un paysage en évolution rapide avec l'implémentation de nouvelles réglementations européennes. Ces normes imposent un usage progressif et croissant du SAF, mais sans un soutien adéquat, cela pourrait engendrer une hausse des tarifs aériens.
Compagnie | Coût du SAF par tonne | Coût du kérosène par tonne | Différence de coût |
---|---|---|---|
Air France | 2 500 € | 1 000 € | 1 500 € |
Ryanair | 2 500 € | 1 000 € | 1 500 € |
Lufthansa | 2 500 € | 1 000 € | 1 500 € |
EasyJet | 2 500 € | 1 000 € | 1 500 € |